Question étudiant :
Je viens de revoir votre cours de cette semaine et une question
m'est venu, vous dîtes que le schéma : stimulus => SNC
(intégration,analyse) => muscles => changements environnement
=> (rétroaction) SNC, est faux mais je ne vois pas pourquoi. Par
exemple, vous avez dit que puisque parfois quand une personne ne voit
pas ce qui se passe sous une table, elle se penche pour pouvoir regarder
et que donc ça ne peut pas correspondre à un schéma séquentiel.
Pourtant on pourrait très bien avoir : stimulus (je ne vois pas ce qu'il
y a sous la table) => SNC (analyse de comment faire pour voir) =>
muscles (se pencher) => SNC (rétroaction : je vois), puis une
nouvelle boucle à partir de cette nouvelle information ?
Réponse prof. :
excellente question.
quand
je dis que cette façon de concevoir (cette théorie) les processus qui
génèrent et contrôle les mouvements est fausse, j'exagère : plus
précisément je devrais dire qu'elle est largement incomplète.
on peut trouver des cas limites pour lesquels la séquence temporelle stim - réponse est valide.
pour
l'exemple de la table, oui une intention sur la base d'un diagnostic
détermine (en amont dans le temps donc) le mouvement qui permet de voir
sous la table.
cependant dans l'étape qui suit cette
intention préalable, on bouge pour voir, remet en question la logique
stim--> réponse; on trouver donc plusieurs logiques qui cohabitent si
on considère l'ensemble du processus.
*peut être même qu'une simple analyse du langage indique déjà la voie : regarder n'est pas voir (passivement), regarder est un acte, percevoir s'apprend (la mémoire joue un rôle), on éduque sa propre attention par exemple (regarder quoi ?), on apprend à utiliser les bonnes relations entre la grande variété des entrées sensorielles disponibles (des angles, des distances, des vitesses, etc...) et la régulation du mouvement (direction du mouvement, vitesse, accélération). Cf en L1 : la régulation de la trajectoire de la chauve souris pour intercepter une proie (ou du joueur de base ball pour intercepter une balle).
cf le titre d'un chapitre 9 de l'ouvrage d'Alain Berthoz, Le sens du mouvement : "LE REGARD QUI QUESTIONNE LE MONDE".
Mon
objectif d'enseignant est justement de déclencher un questionnement et
un raisonnement, comme le votre, un regard critique. De montrer qu'il y a
la place pour une analyse logique, l'usage du bon sens, à partir de cas
relativement simples, pour remettre en cause des explications qui sont
parfois acceptées sans critique.